Un hommage moderne à l’opérette avec une touche queer et pop
Les comédies musicales ont souvent été synonymes de magie, de paillettes et de récits enchanteurs. Avec *Joli Joli*, le réalisateur Diastème et l’auteur-compositeur Alex Beaupain revisitent ce genre en lui insufflant une modernité audacieuse et une sensibilité queer assumée. Inspirée des opérettes françaises du XIXe siècle, cette œuvre explore l’industrie du cinéma des années 1970 avec des couleurs vives, des chansons accrocheuses et des personnages complexes, tout en célébrant l’amour sous toutes ses formes.
Un scénario rocambolesque et des personnages hauts en couleur
L’histoire se déroule autour d’un écrivain en pleine dépression, incarné par William Lebghil, qui tombe éperdument amoureux d’une star de cinéma le soir du Nouvel An. Mais rien n’est simple dans cet univers où les relations s’entremêlent et les ambitions s’entrechoquent. Sa femme de ménage, interprétée par Laura Felpin, nourrit un amour secret pour lui et manipule les événements à son avantage. De son côté, un producteur déchu, campé par Jos Garcia, propose un pacte intrigant pour reconquérir la célèbre actrice. Au cœur de cette intrigue, d’autres figures viennent enrichir le récit : un comédien gay en plein dilemme identitaire, un metteur en scène secrètement épris de lui, un ingénieur son séduisant, une infirmière borderline, et des starlettes en quête de gloire. Ce casting bigarré évolue dans une ambiance kitsch et glamour, rappelant les excès et l’esthétique des seventies.
Des chansons au cœur du récit
Alex Beaupain, habitué des collaborations cinématographiques (notamment avec Christophe Honoré), signe ici une partition qui mêle profondeur et légèreté. Les morceaux naviguent entre humour, émotion et énergie pop, offrant aux acteurs une opportunité unique de briller non seulement dans leur jeu, mais aussi par leur interprétation musicale. Ces chansons, conçues en étroite collaboration avec Diastème, donnent au film son ton unique, oscillant entre nostalgie et modernité.
Une réinvention du genre
En s’inspirant de l’opérette, *Joli Joli* ne se contente pas de reproduire un modèle du passé. Le duo créatif a choisi de revisiter ce style en l’adaptant à une époque où les comédies musicales sont souvent perçues comme désuètes. Les influences vont de l’opéra-bouffe français à Broadway, en passant par des références cinématographiques telles que *Pas sur la bouche* d’Alain Resnais ou les comédies musicales américaines des années 1950. Cependant, loin de s’enfermer dans un cadre nostalgique, le film adopte une approche résolument contemporaine dans sa musique et sa mise en scène.
Une célébration de l’amour et de la diversité
L’un des aspects les plus remarquables de *Joli Joli* est son traitement naturel et joyeux de la diversité amoureuse. À travers ses multiples intrigues, le film met en scène des couples hétérosexuels et homosexuels, tout en jouant avec des codes queer. Pour Beaupain et Diastème, il était essentiel que cette diversité ne soit pas un simple ajout, mais une part intégrante de l’histoire. La comédie musicale, par son essence exubérante et inclusive, se prête parfaitement à cette célébration de l’amour sous toutes ses formes.
- Un comédien qui lutte pour sortir du placard
- Des personnages féminins forts et ambigus
- Des relations complexes, mais toujours empreintes de tendresse
Un casting audacieux et inspiré
Pour donner vie à cette fresque musicale, le duo a fait appel à un casting éclectique et talentueux. Clara Luciani, bien connue pour ses succès dans la variété française, fait ses premiers pas au cinéma dans un rôle marquant. Vincent Dedienne, quant à lui, apporte sa maîtrise vocale et son humour décalé. Laura Felpin surprend par ses talents de chanteuse, tandis que des figures comme Jos Garcia et Grégoire Ludig explorent des facettes inédites de leur jeu. Chacun des acteurs semble s’être approprié l’univers de *Joli Joli* avec enthousiasme, rendant cette aventure collective particulièrement vibrante.
Une collaboration artistique riche
La genèse de ce projet remonte à une décennie, lorsque Diastème a proposé à Beaupain de créer une opérette contemporaine. Pendant plusieurs mois, les deux artistes ont travaillé de concert, mêlant écriture narrative et composition musicale. Cette dynamique collaborative, inspirée des grands duos de librettistes et compositeurs, a donné naissance à une œuvre particulièrement aboutie, où chaque scène s’entrelace harmonieusement avec les chansons.
Un futur prometteur pour la scène
Fort du succès de cette expérience cinématographique, Alex Beaupain ne cache pas son envie de poursuivre dans cette voie. Un projet de spectacle scénique, mêlant ses chansons et une mise en scène travaillée, est déjà en préparation. Intitulé *Beaupain Black Cat*, ce spectacle promet de prolonger l’exploration des thématiques qui lui sont chères, tout en offrant une nouvelle occasion de faire rayonner son amour pour la comédie musicale.
Un film qui redéfinit le genre
Avec *Joli Joli*, le duo Diastème-Beaupain prouve qu’il est possible de revisiter des genres anciens tout en les rendant actuels et pertinents. En mêlant humour, émotion, diversité et une esthétique soignée, ils offrent une œuvre qui séduira aussi bien les amateurs de comédies musicales que les néophytes. Un pari audacieux, mais brillamment relevé.