Une ode au queer dans toute sa splendeur
Alexis Langlois redéfinit les codes du cinéma français avec **son premier long-métrage**. Ce réalisateur, qui se revendique pleinement queer, s’attaque aux conventions en mettant en lumière des personnages atypiques, souvent jugés comme exagérés ou « ridicules » par la société. Mais au lieu de les ridiculiser, il leur rend hommage, les magnifie et leur accorde une place centrale dans une histoire à la fois rocambolesque et profondément humaine. Langlois ne se contente pas de raconter une romance lesbienne ; il offre une réflexion sur l’artifice, la marginalité et le pouvoir de la représentation. Avec un casting majoritairement LGBTQI+ et une esthétique audacieuse, son film s’inscrit dans une démarche de célébration radicale, tout en assumant son potentiel à déranger.
Une histoire d’amour et d’ambition dans les années 2000
Au cœur de ce récit ? Deux femmes, Mimi Madamour et Billie Kohler, qui incarnent des archétypes opposés mais profondément attachants. Mimi, star de la chanson édulcorée, évoque des figures pop des années 2000 comme Lorie ou Priscilla. Billie, de son côté, est une artiste punk en quête d’authenticité, frustrée par l’invisibilité de leur relation amoureuse. Leur histoire, ponctuée de conflits, de passion et de jalousie, s’étend sur plusieurs décennies, reflétant les dilemmes liés à la visibilité queer et à la pression sociale.
Les points forts de cette fresque queer
À travers ce film, Alexis Langlois met en avant des éléments qui en font une œuvre profondément singulière et marquante :
- **Une bande-son engagée** : Rebeka Warrior et d’autres artistes queer apportent une énergie indéniable à travers des morceaux audacieux qui osent briser les tabous.
- **Un casting LGBTQI+** : Les personnages principaux sont incarnés par des acteurs issus de communautés souvent sous-représentées au cinéma, renforçant l’authenticité et l’impact du récit.
- **Une esthétique atypique** : Les décors vifs et oniriques évoquent un univers de conte de fées moderne, où l’artifice devient une arme narrative.
Un cinéma qui revendique l’artifice
L’une des forces d’Alexis Langlois réside dans sa capacité à utiliser des moyens modestes pour produire un effet spectaculaire. Inspirée par les grands mélodrames hollywoodiens et par des cinéastes comme Gregg Araki ou Douglas Sirk, sa mise en scène revendique une distance avec le réalisme. **Pour Langlois, le cinéma doit être un espace d’évasion, de drame et de rêve**, et son film en est un parfait témoignage. « Produire du merveilleux avec peu de moyens », dit-il, est une démarche intrinsèquement queer : elle reflète la capacité des communautés marginalisées à transformer les contraintes en opportunités créatives.
Une critique du réalisme ambiant
Langlois s’insurge contre ce qu’il appelle une « dictature du réalisme » dans le cinéma contemporain. Il milite pour un retour à une esthétique plus flamboyante, où le drame, l’exagération et l’onirisme trouvent leur place. Dans son œuvre, chaque scène, chaque réplique, chaque costume est une déclaration d’amour au pouvoir de la fiction.
Un projet à la croisée des influences
Le réalisateur cite volontiers ses inspirations, allant des cinéastes queers français à des figures internationales marquantes. Ces influences se ressentent dans son traitement des personnages, dans son refus des conventions narratives et dans son goût pour une esthétique camp assumée. Mais au-delà des références, c’est la sincérité de Langlois qui transparaît, faisant de ce film un objet unique et résolument personnel.
Un cinéma pour tous, mais avant tout pour les siens
Si Langlois aspire à toucher un large public, il garde à l’esprit que son cinéma est d’abord une ode à la communauté LGBTQI+. En célébrant l’amour, le drame et l’extravagance, il offre un miroir dans lequel les spectateurs queer peuvent enfin se reconnaître, tout en invitant les autres à s’immerger dans un univers qu’ils connaissent peu. Avec ce long-métrage, Alexis Langlois ne se contente pas de raconter une histoire : il redéfinit les contours du cinéma queer en France, et ouvre la voie à une nouvelle génération de réalisateurs et de récits.