Une redécouverte de la coparentalité LGBTQI
La coparentalité, un modèle familial autrefois central pour les personnes LGBTQI souhaitant fonder une famille, est aujourd’hui en pleine réinvention. Depuis les années 1970, ce système a permis à des gays et des lesbiennes de partager l’éducation d’un enfant sans lien amoureux. Mais avec l’essor de la PMA (procréation médicalement assistée) et de la GPA (gestation pour autrui), cette forme d’organisation parentale avait reculé. Pourtant, elle fait son retour, portée par des convictions personnelles, des contraintes économiques ou un attachement à l’idée d’une parentalité collective.
Quand l’amitié devient le socle de la parentalité
Choisir de devenir parent en dehors d’un couple amoureux peut sembler contre-intuitif dans une société où l’idée de « famille » est souvent liée à celle de l’amour romantique. Pourtant, pour beaucoup, l’amitié se révèle être une base solide pour élever un enfant. Certains y voient une relation de confiance profonde, libre des tensions de la passion amoureuse. Cela nécessite toutefois une réflexion intense et un dialogue ouvert.
- Échanger sur ses attentes en matière d’éducation et de rôle parental.
- Clarifier les responsabilités de chacun avant la naissance.
- Définir les limites et les espaces de liberté de chaque coparent.
Prenons l’exemple de Guillaume, qui a choisi d’avoir un enfant avec Alexia, sa meilleure amie. Leur lien est basé sur une profonde confiance et une affection qu’ils qualifient d’inconditionnelle. Ce type de coparentalité repose sur une idée simple mais exigeante : construire une famille sans s’appuyer sur l’amour romantique.
Les défis émotionnels et organisationnels
Malgré ses avantages, la coparentalité n’est pas un long fleuve tranquille. Elle peut générer des insécurités, des incompréhensions, voire des conflits. Les différends peuvent surgir autour de décisions éducatives, de la gestion du temps passé avec l’enfant ou encore des attentes de chacun vis-à-vis de son rôle. Yannick et Louis, en couple depuis vingt ans, en savent quelque chose. Avec leurs coparents Isabelle et Catherine, ils ont vécu des tensions pendant plusieurs années. La clé pour surmonter ces obstacles a été le dialogue et la confiance, renforcés par des séances de médiation. « Il faut apprendre à lâcher prise et à accepter que l’autre ait une vision différente de la parentalité », explique Yannick.
La flexibilité : une compétence essentielle
La coparentalité exige une grande capacité d’adaptation. Les parents doivent jongler entre leurs propres besoins, ceux de l’enfant et ceux de leurs coparents. Mathieu, père de deux garçons, insiste sur l’importance de la communication : « Ce n’est pas seulement ce qu’on se dit, mais la manière dont on se parle qui compte. » Pour éviter les malentendus, certains coparents établissent une charte écrite définissant leurs engagements mutuels. Bien que non contraignant sur le plan légal, ce document permet de poser un cadre clair et d’anticiper les situations difficiles, comme un déménagement ou des désaccords sur l’éducation.
Une parentalité collective et équilibrée
Un des avantages de la coparentalité est qu’elle encourage une répartition équitable des responsabilités. Vovotte, mère d’un garçon de 8 ans avec sa compagne et un ami gay, raconte comment cette dynamique a permis à chacun de trouver sa place. « Il était important que le père crée un lien fort avec notre fils, tout en respectant l’équilibre familial. » Cependant, cette organisation demande aussi des sacrifices. Les moments où l’enfant est absent peuvent être difficiles à vivre pour les mères, mais ils offrent également des opportunités de repos et de recentrage sur soi-même.
Un engagement sur le long terme
La coparentalité n’est pas pour les amateurs d’improvisation. C’est un engagement de longue haleine qui demande de la maturité et une capacité à accepter les différences. Comme le souligne Mathieu, « il faut apprendre à vivre avec l’idée qu’il y a deux maisons, deux façons de faire, et que c’est OK. » Pourtant, ce modèle parental reste une expérience enrichissante pour de nombreux LGBTQI. Il offre une alternative au couple romantique traditionnel et met en avant des valeurs de partage, de confiance et de coopération. Même si les nuits blanches en solo peuvent peser, beaucoup trouvent dans la coparentalité une façon de redéfinir la famille à leur image.