Une ode sensuelle entre fleurs et corps
Le cinéaste normand Pierre Creton, connu pour son regard unique sur la nature et les liens intimes qu’elle nourrit, dévoile un projet artistique mêlant végétal et homosexualité. À travers un livre d’art intitulé *Roseraie*, il explore les ponts entre la beauté des roses, inspirées des illustrations du peintre botaniste Pierre-Joseph Redouté, et des représentations photographiques empreintes de désir et de sensualité.
Roses et fantasmes : un dialogue visuel
L’ouvrage, au format imposant de 33 x 25 cm, met en scène des roses aux noms enchanteurs – de Marienburg à Fleurs d’anémone – associées à des images homoérotiques. Ces compositions naissent d’un processus créatif que Creton avait amorcé dès son adolescence, en superposant des photographies personnelles et des découpages issus des livres de ses parents. L’artiste y voit une symbiose entre la sexualité et le monde végétal, deux univers qu’il estime intrinsèquement liés.
Un regard ancré dans une ruralité queer
Pierre Creton a choisi de s’établir à la campagne, embrassant une vie d’ouvrier agricole après ses études artistiques. Ce choix de vie, profondément lié à ses désirs personnels et sexuels, reflète une quête d’authenticité et une volonté de vivre son homosexualité loin des métropoles. « La terre, les animaux, la végétation… tout cela faisait écho à mes fantasmes et à mon identité », confie-t-il.
Un cinéaste en quête de poésie naturelle
Cette exploration des interactions entre nature et sensualité ne s’arrête pas au livre *Roseraie*. Dans sa filmographie, Creton a toujours mis en avant des paysages et des corps sublimés par la lumière et le cadre. En 2006, il réalisait déjà *L’Arc d’Iris*, un « film herbier » tourné dans les montagnes de l’Himalaya, et il poursuit cette année avec *7 promenades avec Mark Brown*.
Mark Brown : la forêt comme utopie
Dans ce dernier film récompensé au FID de Marseille, Creton retrouve Mark Brown, un paléobotaniste passionné, qui tente de recréer une forêt primaire en Normandie. Ce projet titanesque reflète une fois de plus l’obsession de Creton pour la grandeur et la beauté naturelle, qu’il mêle à une esthétique queer et poétique.
Un héritage artistique et personnel
À travers *Roseraie* et ses films, Pierre Creton redéfinit les frontières entre intimité, nature et art. Son travail célèbre à la fois la splendeur des roses et la complexité des désirs humains. En mariant fleurs et corps, il offre une vision audacieuse et sensuelle qui interroge et transcende les normes.
- Les roses de Pierre-Joseph Redouté deviennent des symboles de désir et de mémoire.
- Les photographies homoérotiques s’inscrivent dans un dialogue visuel avec le végétal.
- La ruralité queer de Creton redéfinit l’espace de vie et de création artistique.
- Le cinéma et la littérature se rejoignent dans une quête poétique et érotique.