Une immersion dans la Marseille queer et underground
Le film, à la croisée des chemins entre thriller et drame urbain, plonge le spectateur dans une quête singulière : celle d’un père, Raoul, cherchant à comprendre les circonstances de la mort de sa fille, Agnès. À travers cette enquête, il découvre un univers marginal, vibrant et inattendu, peuplé de figures féminines rock et queer, évoluant dans un Marseille méconnu. Ce décor devient un personnage à part entière, où la fête, la musique et la liberté s’entrelacent dans une atmosphère électrique.
Un regard inédit sur une jeunesse hybride
Raoul, interprété par Christophe Paou, est loin des clichés du héros classique. Son allure nonchalante et dégingandée, son regard à la fois perdu et curieux, incarnent à merveille la fracture entre deux générations : celle d’un homme ancré dans un passé révolu et celle d’une jeunesse libre, fluide, et inventive. Cette jeunesse marseillaise, passionnée de création, déjoue les codes normatifs, que ce soit dans ses choix de vie, ses expressions artistiques ou ses sexualités.
- Un groupe fictif, Fotogenico, devient le fil rouge de cette exploration d’un Marseille foisonnant.
- La fluidité des genres et des sexualités est au cœur de ce récit, défiant les étiquettes et les attentes sociales.
- Les personnages féminins queer, rebelles et résilients, offrent une perspective rarement mise en lumière dans le cinéma français.
Quand la ville devient terrain d’expression queer
Les réalisateurs Marcia Romano et Benoît Sabatier livrent une vision rare et féminisée de Marseille, loin de son image de carte postale ou de ses clichés de polar. La cité phocéenne devient ici un espace vibrant, un laboratoire à ciel ouvert où les identités se reconstruisent et où les marges prennent le pouvoir. Ce Marseille underground, loin de tout exotisme, rend hommage à une jeunesse en quête d’émancipation, tout en offrant une vue neuve sur la ville.
Un film qui défie les attentes
Au-delà de son esthétique brute et de son scénario non conventionnel, le film brille par sa capacité à éviter tout moralisme. Inspiré par des expériences personnelles des réalisateurs, il illustre des réalités sociales dures sans jamais sombrer dans le pathos. La mort d’Agnès devient un prétexte pour aborder des thèmes universels comme le choc des générations, l’incompréhension parentale, et la résilience à travers la création et la fête.
Un hommage à la fluidité et à la liberté
Ce film ne se contente pas d’observer une jeunesse queer : il la célèbre. À travers la musique, les fêtes, et les trajectoires de vie des personnages, il rend hommage à une génération qui refuse de se laisser enfermer. Raoul, malgré son incompréhension initiale, finit par se rapprocher de ces valeurs d’ouverture et de liberté, rappelant que la rencontre avec l’Autre peut être une véritable renaissance.
Un projet audacieux et libérateur
Avec une mise en scène audacieuse et une narration éclatée, ce long-métrage propose un véritable jeu de piste cinématographique. Il invite les spectateurs à explorer un Marseille inédit, mais aussi à questionner leurs propres préjugés sur les sexualités, les genres et les modes de vie en marge. Une œuvre qui, par sa liberté totale, marque une étape importante dans la représentation queer au cinéma français, et dans la célébration des identités plurielles.