Un objet utilitaire devenu icône culturelle
Qui aurait cru qu’un simple sous-vêtement, initialement conçu pour répondre à des besoins purement fonctionnels, deviendrait un symbole de mode et de culture? Inventé en 1874 à Boston pour protéger les messagers à vélo des désagréments liés aux routes pavées, ce sous-vêtement innovant se composait d’une poche en tissu, d’une ceinture élastique et de deux bandes latérales. Une invention pragmatique qui a rapidement trouvé sa place dans le monde sportif, avant de connaître une trajectoire inattendue bien au-delà des terrains.
Des terrains de sport aux salles de consultation
Au début du XXe siècle, l’utilité du jockstrap dépasse les frontières du sport. Les médecins commencent à le recommander à des patients en convalescence pour ses vertus de maintien, notamment après des opérations ou en cas de hernie. Pendant les années 1920, il devient un incontournable dans l’équipement d’athlètes de disciplines aussi variées que le football, le hockey ou le basketball. Les fabricants rivalisent d’ingéniosité pour améliorer le produit : matériaux plus respirants, modèles renforcés pour les sports de contact… Chaque innovation contribue à asseoir l’importance de cet accessoire, bien au-delà de sa vocation initiale.
Un objet réapproprié par la communauté LGBT
Si, dans les années 1950, les athlètes continuent de porter le jockstrap, il commence à apparaître dans un tout autre contexte : les magazines de culturisme, prisés par une communauté homosexuelle en quête d’images de masculinité et de sensualité. Ces publications, comme *Physique Pictorial*, mettent en scène des corps sculptés, souvent vêtus de cet accessoire minimaliste. Peu à peu, le jockstrap s’impose comme un symbole érotique et identitaire au sein de la culture gay.
Des vestiaires sportifs aux clubs et chambres à coucher
Lorsque les sportifs l’abandonnent progressivement dans les années 1980, la communauté LGBT s’approprie pleinement cet objet. Porté à la fois pour son esthétique et son accessibilité, il devient un élément clé de l’érotisme masculin. Que l’on soit adepte de styles minimalistes ou plus extravagants, le jockstrap sublime les formes et joue sur les codes de la séduction. Il ne fait pas de discrimination : des corps athlétiques aux silhouettes plus modestes, chacun peut y trouver un moyen de se sentir désirable.
Un phénomène de mode qui transcende les genres
Aujourd’hui, le jockstrap n’est plus confiné à un usage purement sportif ou réservé à une communauté spécifique. Les grandes maisons de couture comme Gucci, Versace ou Calvin Klein l’ont intégré à leurs collections, le transformant en une pièce à la fois provocante et chic. Des célébrités comme Troye Sivan ou Kim Kardashian contribuent à sa popularité en l’affichant dans des clips ou des shootings mode.
Un concept universel et non-genré
Si une version adaptée pour les personnes dotées de vulves, appelée « jillstrap », existe dans certains sports, le concept même de ce sous-vêtement transcende les genres. Qu’il soit porté pour des raisons pratiques, esthétiques ou simplement pour le plaisir, le jockstrap incarne une ouverture sur l’expression personnelle et la diversité des corps. En coton, en cuir, orné de franges ou minimaliste, il reste un pont entre fonctionnalité et sensualité.
- Un objet né d’une nécessité sportive
- Une réinvention culturelle au sein de la communauté LGBT
- Un accessoire adopté par la mode mainstream
- Une pièce polyvalente qui dépasse les frontières du genre
150 ans plus tard : toujours incontournable
Avec plus de 350 millions d’exemplaires vendus par la marque pionnière depuis sa création, et bien d’autres produits par des concurrents, le jockstrap s’est imposé comme un objet iconique. De ses débuts modestes sur les pavés de Boston à son statut de star des podiums et des clubs, il témoigne de sa capacité à se réinventer et à s’adapter aux évolutions de la société. Plus qu’un simple sous-vêtement, il est devenu une véritable déclaration culturelle.