Un parcours marqué par la lutte et l’engagement
À 65 ans, Christophe Martet offre une vision apaisée de son existence, bien loin des décennies d’intensité militante et professionnelle qui ont façonné son parcours. Pourtant, ce journaliste et militant infatigable a traversé des épreuves qui auraient pu le briser. Diagnostiqué séropositif à 26 ans, dans les années 80, à une époque où aucun traitement n’existait, il a vu ses proches disparaître sous le poids de l’épidémie de sida. Mais plutôt que de se résigner, il a choisi de se battre, d’abord pour lui-même, puis pour des milliers d’autres.
New York, un tournant militant
Au début des années 90, Christophe Martet quitte une carrière prometteuse à France 2 pour s’immerger dans une ville bouillonnante : New York. Là-bas, il découvre une nouvelle manière de militer, portée par l’énergie provocatrice d’Act Up. Les « zaps », ces actions coup de poing, deviennent pour lui un moyen d’expression politique et sociale percutant. Grâce à sa maîtrise des langues, il s’investit dans la commission médias, où il travaille au contact des journalistes internationaux. Ces expériences marquent profondément sa vision du militantisme, qu’il exportera en France à son retour.
Le combat contre le silence en France
De retour à Paris, Christophe Martet retrouve une société largement indifférente à la crise du sida. Il s’engage alors dans la section française d’Act Up, où il déploie toute son énergie pour briser l’omerta. Ses actions, souvent polémiques, attirent l’attention des médias. Qu’il s’agisse d’interpeller des figures politiques ou de dénoncer l’Église catholique, il s’efforce de faire du sida un sujet incontournable. Sa colère, visible et assumée, devient un outil pour mobiliser l’opinion publique.
- 1991 : participation à des actions spectaculaires, comme l’envahissement de la cathédrale Notre-Dame.
- 1993 : création d’un documentaire et d’un livre pour amplifier les voix des malades.
- 1996 : intervention remarquée à la télévision contre les expulsions de personnes séropositives étrangères.
Un militantisme aux multiples facettes
Au fil des années, Christophe Martet diversifie son engagement. Il devient une figure centrale d’Act Up-Paris, avant de se consacrer à la vulgarisation scientifique. Rédacteur pour des publications comme *Protocole* ou *TTU*, il traduit des informations complexes en outils accessibles pour les malades. Ce rôle, à la croisée du militantisme et de la pédagogie, marque un tournant dans sa carrière.
Les médias comme outil de transformation
En 2008, il cofonde le site Yagg, une plateforme communautaire dédiée aux questions LGBTQIA+. Pendant une décennie, il utilise cet espace pour sensibiliser, informer et créer des ponts entre les différentes luttes. Sa direction de Yagg témoigne de son désir constant d’innover dans la manière de militer. Mais en 2018, il quitte le projet pour rejoindre de nouveaux combats.
Un amour moteur
En 2000, lors d’un reportage en Afrique du Sud, Christophe Martet rencontre Solomon, un militant ougandais. Leur relation, au-delà du lien personnel, devient un moteur pour son engagement. Christophe se concentre alors sur les droits des personnes LGBTQIA+ migrantes, en militant notamment pour leur régularisation en France. Ce combat, au croisement des droits humains et de la lutte contre le VIH, le pousse à rejoindre de nouvelles associations.
Un engagement jusqu’au bout
En 2023, Christophe Martet est élu président d’une organisation internationale visant à éradiquer le VIH d’ici 2030. Cette responsabilité couronne des décennies de militantisme acharné. Cependant, pour lui, la lutte n’est jamais terminée. Son parcours démontre que chaque étape de sa vie, personnelle ou professionnelle, a été guidée par une quête de justice et d’égalité.
Un héritage inspirant
Avec le recul, Christophe Martet incarne une figure emblématique d’une génération qui a refusé de baisser les bras face à l’adversité. Son parcours, à la fois intime et collectif, illustre la force du militantisme allié à une rigueur journalistique. Aujourd’hui, il savoure une vie plus paisible, mais son regard reste tourné vers l’avenir, avec l’espoir d’un monde où l’injustice n’aura plus sa place.