Deux figures littéraires face à leurs passions masculines
Marguerite Duras et Marguerite Yourcenar, deux grandes voix de la littérature du XXe siècle, ont marqué l’histoire des lettres de manière très différente. Pourtant, un aspect de leur vie privée les rapproche : leur relation avec des hommes beaucoup plus jeunes qu’elles. Ces liaisons, complexes et tumultueuses, ont laissé une empreinte indélébile dans leur vie personnelle et leurs œuvres respectives.
Des destins opposés mais des liens similaires
Marguerite Duras, née en Indochine et figure centrale de la littérature française, a exploré des styles narratifs avant-gardistes et s’est engagée politiquement. Marguerite Yourcenar, quant à elle, a grandi en Flandre française avant de s’exiler aux États-Unis, où elle a incarné une esthétique littéraire plus classique, teintée de fascination pour l’Antiquité. Ces trajectoires divergentes se rejoignent pourtant dans leur rapport à des hommes ayant bouleversé leur vie.
Des compagnons jeunes et ambivalents
Les deux autrices ont partagé leur vie avec des hommes bien plus jeunes qu’elles : Yann Andrea pour Duras et Jerry Wilson pour Yourcenar. Ces relations mêlaient admiration, fascination et dépendance affective. Yann, fervent admirateur de l’œuvre de Duras, joua un rôle central dans ses dernières années, tout en suscitant des tensions et des drames. Jerry, quant à lui, accompagna Yourcenar dans ses voyages, mais leur lien était moins fondé sur une communauté d’esprit que sur une dynamique complexe d’interdépendance.
Violence et addictions : des relations sous tension
Ces relations furent loin d’être idylliques. Les deux écrivaines ont vécu des épisodes de violence, à la fois verbale et physique, dans ces unions marquées par des excès, notamment liés à l’alcool et aux drogues. Ces éléments, souvent tus, montrent des zones d’ombre dans des vies que l’on aurait pu croire uniquement dédiées à la création littéraire.
- Yann Andrea, bien qu’inspiré par Duras, a contribué à l’isoler de son entourage.
- Jerry Wilson, photographe et agent de voyages, a davantage été un compagnon de route qu’un confident intellectuel pour Yourcenar.
L’ombre de l’homosexualité
Pour Marguerite Duras, sa relation avec Yann Andrea représente un paradoxe : elle tentera, en vain, de le détourner de son homosexualité. Ce combat intérieur, teinté de mysticisme amoureux, révèle une facette méconnue de l’autrice, qui n’a jamais renoncé à cet homme malgré leurs différences irréconciliables.
Une homosexualité assumée chez Yourcenar
Marguerite Yourcenar, quant à elle, avait exploré la thématique de l’homosexualité dès son premier roman, bien avant que celle-ci ne devienne un sujet ouvertement débattu. Pourtant, avec Jerry Wilson, le lien semble avoir été moins spirituel qu’émotionnel, marqué par une forme de déséquilibre.
Des figures littéraires plus humaines
Les récits de ces relations, malgré leur caractère souvent douloureux, permettent d’humaniser ces deux figures monumentales. Loin de l’image d’intellectuelles inaccessibles, elles apparaissent avec leurs failles, leurs erreurs et leurs vulnérabilités. Cette humanisation rend leur génie littéraire encore plus touchant, car ancré dans des expériences profondément humaines et imparfaites.
Une postérité enrichie par leurs failles
Ces histoires, racontées aujourd’hui par des auteurs contemporains, éclairent des aspects méconnus de leur vie. Elles rappellent que même les plus grandes plumes ont leurs contradictions et leurs zones d’ombre, ce qui les rend d’autant plus fascinantes.