Une économiste au parcours singulier
Anne-Laure Delatte, économiste de renom et directrice de recherche au CNRS, a tracé un chemin atypique qui mêle engagement académique, réflexion politique et expériences de vie personnelles intenses. Issue d’un milieu privilégié mais marqué par des contradictions familiales, elle a utilisé son parcours pour déconstruire les mécanismes du capitalisme et leurs impacts sur les populations les plus vulnérables. Sa trajectoire est une plongée fascinante dans les arcanes de la pensée économique, ancrée dans un profond désir de justice sociale.
Déconstruire les crises pour mieux les comprendre
C’est dans les années 1990, au cœur de crises économiques successives — Mexique, Asie, Argentine — qu’Anne-Laure Delatte découvre sa vocation : étudier les failles du système capitaliste. Après un passage sans conviction dans le marketing, elle décide d’approfondir ses recherches en économie. Sa thèse, dirigée par Michel Aglietta, figure majeure de l’école de la régulation, explore les crises économiques sous un prisme macroéconomique. Elle y démontre que sans intervention étatique, les déséquilibres post-crise aggravent les inégalités sociales, renforçant les structures capitalistes au lieu de les réformer.
- Critique des théories néolibérales
- Importance de l’intervention publique pour protéger les populations
- Analyse des grands agrégats économiques comme outil de compréhension
Un engagement au-delà des cercles académiques
Refusant de se limiter aux tours d’ivoire universitaires, Delatte s’emploie à rendre l’économie intelligible et utile à la société. Elle développe des collaborations avec d’autres chercheurs pour prouver, chiffres et modèles à l’appui, que des systèmes publics, notamment en santé, peuvent être plus efficients que des systèmes privés. Ces travaux, à la croisée de l’économie et de la politique, commencent à attirer l’attention des décideurs.
Une force de proposition pour une gauche renouvelée
Anne-Laure Delatte s’impose comme une référence pour les partis progressistes. Ses analyses sur les crises financières, notamment celle de la Grèce, et ses propositions audacieuses pour transformer les structures économiques trouvent un écho auprès des figures de la gauche française. Avec son livre publié en 2023, elle pose les jalons d’une économie alternative : réduction des niches fiscales polluantes, encouragement des coopératives, contrôle démocratique des institutions financières. Elle y défend également l’endettement public comme outil au service du bien commun.
- Réduire les niches fiscales des secteurs polluants
- Favoriser les coopératives face aux entreprises capitalistes
- Renforcer le contrôle parlementaire des banques centrales
Les défis d’une économiste engagée
Tout en assumant ses convictions, Delatte navigue dans un monde où les idées progressistes peinent à s’imposer face à l’hégémonie néolibérale. Elle salue néanmoins les rares soutiens financiers de gauche, comme celui d’Olivier Legrain, et poursuit son combat pour une refonte des politiques économiques. En 2024, alors que la France traverse une crise politique majeure, ses idées inspirent les propositions du Nouveau Front Populaire, avec une vision d’un État fort, protecteur et solidaire.
Une vie personnelle qui nourrit l’engagement
La vie personnelle d’Anne-Laure Delatte est indissociable de son parcours professionnel. Après une séparation, elle embrasse pleinement sa sexualité et découvre la richesse des communautés lesbiennes à New York. Ces expériences façonnent sa vision d’un monde inclusif et participatif, où les luttes sociales et économiques se rejoignent. Entre ses recherches, son rôle de mère et son militantisme, elle incarne une figure complexe et inspirante, à la croisée des combats.
Un pont entre l’économie et la société
Anne-Laure Delatte veut aujourd’hui démocratiser l’économie, la rendre accessible à tous. Elle croit fermement que les citoyens doivent s’approprier ces enjeux pour mieux peser dans le débat public. Avec son franc-parler et sa capacité à vulgariser des concepts complexes, elle travaille à combler le fossé entre les élites économiques et le reste de la société. Son ambition ? Faire de l’économie un outil au service de la transformation sociale.