Une ville au cœur de l’intrigue : Marseille entre réalisme et fantasmagorie
Marseille n’est pas seulement un décor dans ce premier film signé Marcia Romano et Benoît Sabatier : elle est un personnage à part entière, vibrant, omniprésent. La cité phocéenne, avec ses contrastes saisissants et son identité multiple, devient à la fois un refuge et un labyrinthe pour Raoul, ce père brisé qui cherche à comprendre la vie de sa fille disparue. Les réalisateurs exploitent chaque recoin de la ville, des quartiers populaires aux plages mystérieuses, pour peindre un tableau queer et rock’n’roll qui transcende les clichés.
Un personnage principal en quête de rédemption
Raoul, interprété par Christophe Paou, incarne cet homme perdu, un cinquantenaire désabusé, plaqué par sa femme et englué dans une routine morne à Rouen. Le décès de sa fille, qu’il n’a pas vue depuis plus d’un an, agit comme le déclencheur d’un voyage à Marseille, une ville qu’il connaît à peine. En explorant les lieux où elle vivait, il se retrouve confronté à un monde qu’il ne comprend pas immédiatement mais qui finit par l’envoûter. Le personnage navigue entre polar, tragédie et comédie, révélant une facette plus vulnérable et exploratoire que son apparence d’homme hétérosexuel ordinaire pourrait laisser supposer.
Une jeunesse marseillaise hors des codes
Raoul découvre à Marseille une jeunesse qui bouscule les normes, une génération genderfluid qui casse les stéréotypes et redéfinit les identités. Cette rencontre avec une communauté queer, libre et éclatante, force le personnage à réévaluer ses propres préjugés et à s’ouvrir à des expériences nouvelles. Marseille devient alors un carrefour de cultures et d’énergies qui nourrissent son cheminement intérieur.
- Une jeunesse hybride : entre influences rock, queer et pop culture.
- Des espaces de liberté : plages, rues et clubs deviennent des terrains d’expérimentation.
- Une ville à l’identité mouvante, reflétant les combats et les rêves de ses habitants.
Lala, une énigme dans les dédales marseillais
Roxane Mesquida prête ses traits à Lala, une roller girl intrigante et insaisissable. Elle incarne une figure presque fantomatique, un miroir déformant de la fille de Raoul, qui le pousse à affronter ses propres failles. Avec son énergie solaire et son apparente légèreté, Lala apporte au film une touche de poésie et de mystère, tout en symbolisant une part de la ville elle-même : libre, complexe et imprévisible.
Entre tension dramatique et fête cathartique
Le film oscille habilement entre gravité et légèreté. Inspirés par des références comme Gregg Araki, les réalisateurs insufflent une énergie qui mêle obsession de la fin du monde et célébration euphorique de la vie. Les scènes de danse, de chant et de fête contrastent avec les moments de doute et de douleur, créant une œuvre hybride qui refuse de se laisser enfermer dans un genre unique.
Marseille, miroir des désirs et des identités
Marseille, avec ses contradictions et sa beauté brute, devient un miroir des désirs universels. Les personnages, qu’ils soient jeunes ou plus âgés, se confrontent à des questions d’identité, de deuil et de transformation. Mais au-delà des thématiques queer, le film touche à l’essentiel : la quête de sens et de connexion humaine, peu importe les étiquettes. Ce portrait queer et vibrant de Marseille transcende les catégories et propose une expérience cinématographique immersive où la ville, ses habitants et ses marges jouent à égalité avec les protagonistes. Une œuvre à la fois intime et universelle, où chaque recoin de la ville résonne avec les émotions des personnages.