Un monument pour honorer et dénoncer : l’hommage aux victimes LGBTQI+
Jean-Luc Verna, artiste aux multiples casquettes et figure incontournable de la scène culturelle française, s’attelle à un projet d’une portée politique et mémorielle inédite. Sa nouvelle œuvre, une sculpture monumentale dédiée à la déportation des personnes homosexuelles et aux discriminations subies par les LGBTQI+, s’annonce comme une pièce majeure dans l’histoire contemporaine française. À travers ce projet, il mêle son vécu personnel à une réflexion sur les oppressions passées et présentes.
Une sculpture colossale pour une mémoire longtemps ignorée
Le monument en construction par Jean-Luc Verna se veut imposant : une hauteur de plus de quatre mètres, avec une dualité visuelle marquée. Une face sombre, presque noire, évoque l’ombre des persécutions, tandis qu’un côté en miroir, tourné vers le ciel, symbolise l’espoir et la lumière. L’inclinaison de l’œuvre, créant un abri et une ombre portée, rappelle que les violences du passé ne sont jamais totalement derrière nous. Ce projet vise à inscrire dans le paysage français un espace de mémoire pour les LGBTQI+, longtemps absents des commémorations officielles.
Une œuvre née d’une histoire personnelle et collective
Jean-Luc Verna ne dissocie pas son art de son expérience. Victime de violences homophobes à l’adolescence, il a survécu à des agressions brutales, notamment à Nice, une ville qu’il décrit comme profondément hostile à l’époque. Ces traumatismes, combinés à une histoire familiale marquée par les pogroms et la Shoah, nourrissent son engagement artistique et politique. « Ce monument, c’est aussi pour que ces histoires, les miennes et celles de tant d’autres, soient visibles et comprises », confie-t-il.
Un artiste hors normes et farouchement libre
Jean-Luc Verna refuse les étiquettes. Chanteur, acteur, dessinateur, performeur, il évolue en dehors des cases. Il se moque des modes et des tendances, préférant explorer les marges de l’art contemporain. Son travail, souvent provocateur, mêle références aux symbolistes du XIXe siècle, comme Odilon Redon, et thèmes politiques actuels. Ses œuvres, qu’elles soient picturales ou sculpturales, ne sont jamais neutres : elles interrogent, choquent parfois, mais surtout, elles agissent comme des catalyseurs d’émotions et de réflexions.
Le poids des labels dans l’art et la société
Verna critique les étiquettes identitaires qui, selon lui, cloisonnent les individus. Pour lui, l’art ne devrait pas être réduit à des catégories telles que « artiste queer » ou « exposition de femmes ». Il rejette cette forme de communautarisme qui, dit-il, divise au lieu de rassembler contre l’oppression commune. « On est fort ensemble », affirme-t-il, appelant à une solidarité universelle.
L’art comme arme politique et cathartique
Dans les œuvres de Verna, l’esthétisme côtoie la violence et la douleur. Il voit l’art comme un moyen de transformer les blessures en force, de créer de la lumière à partir des ténèbres. « L’art peut provoquer des déflagrations qui donnent de l’espoir », explique-t-il. Avec son monument aux victimes LGBTQI+, il espère susciter une prise de conscience collective tout en offrant un espace de recueillement et de résilience.
L’héritage d’un artiste résolument engagé
Jean-Luc Verna incarne une génération d’artistes pour qui l’art est indissociable du politique. Cette sculpture, première en son genre en France, est une réponse à des décennies d’oubli et de marginalisation. À travers elle, il nous rappelle que l’histoire des LGBTQI+ est aussi celle d’une lutte incessante pour la reconnaissance et l’égalité. Et que, face aux ombres du passé, il est de notre responsabilité collective de construire un avenir plus juste.