Un Baptême de Feu pour Kristen Stewart
À 35 ans, Kristen Stewart s’aventure pour la première fois derrière la caméra avec un projet audacieux et viscéral. Adaptant le récit autobiographique de Lidia Yuknavitch, l’actrice devenue réalisatrice s’attaque à un matériau brut et complexe, celui d’une vie marquée par les abus, les traumatismes et les tentatives de reconstruction. Son premier long-métrage, présenté dans la section Un Certain Regard du Festival de Cannes 2025, ne laisse personne indifférent : ni les spectateurs, ni la critique.
Un Portrait Douloureux et Éprouvant
Le film suit le parcours torturé d’une jeune femme confrontée à la violence incestueuse de son père. De son enfance à son entrée dans l’âge adulte, le récit explore la manière dont ces blessures infligent des ravages durables sur sa vie. Ancienne nageuse prometteuse, l’héroïne voit ses aspirations olympiques anéanties par l’impact psychologique et physique des abus subis. Pour échapper à la douleur, elle plonge dans des excès qui deviennent ses nouveaux démons : alcool, substances illicites et relations sexuelles tumultueuses, aussi bien avec des hommes qu’avec des femmes. Pourtant, au milieu de ce chaos, l’écriture émerge comme un dernier rempart, un refuge fragile mais nécessaire.
Une Performance Brutale et Sans Concession
C’est à l’actrice britannique Imogen Poots qu’a été confié le rôle principal, et sa prestation impressionne par son intensité. Stewart ne lui épargne rien, capturant chaque moment de souffrance à travers des gros plans étouffants et une mise en scène sans filtre. Poots incarne avec une justesse troublante un personnage fracturé, naviguant entre désespoir et tentative de résilience. Sa performance, à la fois déchirante et courageuse, se démarque comme l’un des points forts du film.
Un Cinéma Radical et Intransigeant
Pour son premier essai en tant que cinéaste, Kristen Stewart choisit une approche audacieuse, presque frontale. Le film ne cherche jamais à adoucir son propos ; les scènes de violence, bien qu’évitant le sensationnalisme, sont montrées dans toute leur brutalité, en pleine lumière. Le montage frénétique et la caméra nerveuse amplifient l’intensité du récit, tandis que la photographie, malgré sa luminosité apparente, ne laisse jamais entrevoir de véritable chaleur. Cette radicalité divise. Certains spectateurs saluent la prise de risque artistique, d’autres se retrouvent désarçonnés par l’absence de compromis. Ce qui est certain, c’est que cette œuvre ne cherche pas à plaire à tout le monde, mais à proposer une expérience cinématographique marquante, parfois éprouvante.
Un Film à Déconseiller aux Âmes Sensibles
Avec ce premier long-métrage, Kristen Stewart s’impose comme une réalisatrice à suivre, mais aussi comme une artiste pour qui le cinéma est un outil d’exploration et de confrontation. Cependant, le film n’est pas destiné à tous les publics. Voici quelques éléments à garder en tête avant de vous y aventurer :
- Thématique de l’inceste et des abus sexuels : une part centrale du récit.
- Représentation explicite des traumatismes psychologiques et physiques.
- Un ton sombre et des choix esthétiques anxiogènes.
Ce n’est pas un film que l’on regarde pour se détendre, mais une œuvre qui provoque, remue et impose une réflexion, parfois douloureuse, sur les mécanismes de survie face à l’indicible.
Une Réalisatrice qui Refuse les Chemins Faciles
Avec *The Chronology of Water*, Kristen Stewart ne se contente pas de raconter une histoire : elle plonge dans un univers émotionnel dense et compliqué, et propose une expérience cinématographique qui défie les conventions. Ce premier film n’est pas parfait, mais il témoigne d’une ambition rare et d’un refus des compromis. Il sera intéressant de voir où cette nouvelle casquette de réalisatrice mènera l’ancienne star de *Twilight* dans les années à venir.