Une reconnaissance historique dans les rues de Marseille
Pour la première fois de son histoire, Marseille s’apprête à honorer une figure de la communauté LGBTQI+ en nommant une passerelle en hommage à une lesbienne militante et artiste. Cette initiative marque un tournant symbolique dans la politique de visibilité que la ville semble désormais vouloir adopter.
Un choix qui résonne avec la ville
La passerelle, reliant plusieurs quartiers emblématiques de Marseille, portera le nom de Laurence Chanfro, une figure marquante de la lutte queer et lesbienne. Bien que née à Paris, Chanfro s’était immergée dans la vie culturelle et militante de Marseille. Selon Nathanaël Bignon, élu local, son engagement dans la ville faisait d’elle une véritable Marseillaise d’adoption.
Artiste, militante et pionnière
Laurence Chanfro n’était pas qu’une artiste. Elle était une femme engagée, présidant Act Up-Marseille dans les années 1990 et s’impliquant dans le Festival de films gays et lesbiens de Paris. Ses œuvres, souvent provocantes et transgressives, exploraient des thèmes universels et tabous liés à la sexualité, au corps et au désir lesbien. Refusant la pornographie commerciale, Chanfro cherchait à interroger les constructions sociétales autour de la jouissance et du plaisir.
- Elle a contribué à briser les stéréotypes liés aux lesbiennes.
- Ses travaux artistiques incluaient des représentations explicites et sans compromis.
- Elle a abordé des sujets lourds comme les violences intrafamiliales et l’inceste.
Un hommage controversé mais nécessaire
La décision de la mairie n’a pas manqué de susciter des remous. Certains élus d’extrême droite ont vivement critiqué ce choix, dénonçant un supposé « mauvais goût ». Néanmoins, ces attaques ont été balayées par la majorité municipale, qui voit dans cet hommage une avancée pour Marseille, une ville à l’histoire riche en diversité mais longtemps en retard sur ces questions.
Un symbole pour la communauté lesbienne
Pour Anne Vial, une militante proche de Laurence Chanfro, sa mémoire reste un modèle de courage et d’audace. Son travail a permis de redéfinir la place des lesbiennes dans l’espace culturel et politique, en les montrant comme des actrices de leur propre désir, loin des clichés imposés par la société patriarcale.
Une avancée pour la visibilité dans l’espace public
Marseille, deuxième ville de France, souffre encore d’un manque criant de noms féminins dans ses rues. En rendant hommage à Laurence Chanfro, la municipalité agit non seulement pour la reconnaissance des femmes, mais aussi pour la visibilité des minorités sexuelles dans l’espace public.
Un message à retenir
Au-delà de la controverse, cet acte est une victoire symbolique pour la communauté LGBTQI+ et pour toutes les femmes. Il rappelle l’importance de nommer, de raconter et de célébrer les parcours de celles et ceux qui ont marqué l’histoire, même en bousculant les normes établies. C’est une invitation à continuer de rendre visibles les invisibles, à Marseille et ailleurs.