Un refuge festif en temps de guerre
Dans la banlieue de Beyrouth, un hangar transformé en club accueille chaque week-end une communauté LGBTQ+ en quête de répit. Entre les raids aériens et les tensions politiques qui secouent le Liban, cet espace clandestin est devenu un véritable sanctuaire pour ceux qui cherchent à échapper à la réalité brutale d’un pays en crise. Ce samedi soir, on y fête Halloween, mais derrière les masques et les déguisements, l’ombre du conflit plane.
Une scène qui défie l’obscurité
Sur un podium improvisé, une drag queen vêtue d’une jupe léopard et coiffée de canettes de soda en guise de bigoudis captive le public. Pendant deux minutes, elle danse et enflamme la salle au rythme d’une musique arabe. Les spectateurs, majoritairement LGBTQ+, applaudissent et notent sa performance avec enthousiasme. Dans ce lieu, l’énergie est électrique, un contraste saisissant avec le climat de peur et de destruction qui règne à l’extérieur.
Survivre malgré tout
Le club, dernier en activité dans la capitale, a pris des mesures drastiques pour rester ouvert. Situé en dehors du centre-ville, il opère dans la clandestinité et conseille à sa clientèle de rester discrète. « Nous n’avons pas d’autre choix si nous voulons continuer à travailler », explique un des propriétaires. Depuis le début de la guerre, l’affluence a chuté de 60 %, mais fermer n’est pas une option dans un pays où la crise économique frappe durement.
Un lieu de solidarité
Malgré les défis, ce club n’est pas seulement un espace de fête. Durant les premières semaines du conflit, il a hébergé des dizaines de déplacés, principalement des employés et leurs familles. Les bénéfices des soirées ont permis de leur trouver des logements temporaires. Cette solidarité, discrète mais essentielle, reflète l’esprit de résistance qui anime les lieux.
Une communauté sous pression
Pour les LGBTQ+ au Liban, la vie est un combat permanent. Si la législation évolue timidement, les menaces restent omniprésentes. Les attaques homophobes, qu’elles viennent d’extrémistes religieux ou de groupes violents, rappellent que la sécurité est un luxe rare. Malgré tout, les habitués du club continuent de venir. « Ici, au moins, je peux être moi-même », confie un jeune homme, le sourire timide.
Un exutoire nécessaire
Dans un pays où l’intolérance est ancrée, ce club fait figure d’exception. La musique, les lumières et les performances permettent, ne serait-ce que pour une nuit, d’oublier les discriminations et les souffrances. Certains parcourent des dizaines de kilomètres pour s’y rendre, bravant les dangers de la route et les préjugés. « C’est notre échappatoire », résume une drag queen venue de Syrie.
Un espace de liberté menacé
La pérennité de ce lieu reste incertaine. Entre les bombes qui tombent à quelques kilomètres, les pressions sociales et les lois ambiguës, maintenir cet espace ouvert relève du défi. Pourtant, pour ses visiteurs, il représente bien plus qu’un simple club : c’est un symbole de résistance, de vie et d’espoir dans un environnement hostile.
- Un lieu où l’on peut danser malgré les conflits
- Un refuge pour une communauté marginalisée
- Un espace de solidarité et de partage
- Une célébration de l’identité, même sous la menace
Danser pour oublier
Alors que la nuit avance, la musique change, passant de sonorités arabes à des rythmes techno. Sur la piste, les corps se déhanchent, les rires éclatent, les regards s’échangent. Peu importe les horreurs du jour, ici, on danse. Parce que pour ces hommes et ces femmes, danser, c’est résister.