Un miroir de la réalité rurale
Le réalisateur Antoine Chevrollier, connu pour son travail remarqué dans le monde des séries, s’attaque pour la première fois au grand écran avec un long-métrage empreint de réalisme et d’émotion. Tourné dans sa ville natale de Longué-Jumelles, ce film explore les tensions sociales et les non-dits qui traversent les zones rurales, en prenant pour cadre le milieu des passionnés de motocross. Loin d’être un simple film sur un sport ou une adolescence insouciante, cette œuvre aborde de front une problématique brûlante : l’homophobie.
Une amitié mise à l’épreuve
Le récit suit deux adolescents, Willy et Jojo, unis par une amitié forte et sincère. Leur quotidien est rythmé par les cours au lycée, les entraînements sur un terrain de motocross surnommé « La Pampa » et des moments de camaraderie entre bières et flirts estivaux. Mais lorsque des rumeurs et des jugements surgissent dans leur entourage, leur relation est testée, révélant les tensions latentes qui existent au sein de leur communauté. Le film évite habilement le piège des clichés en peignant une relation entre garçons qui, loin de se réduire à la moquerie ou à un rejet mutuel, est empreinte de soutien et de respect. Une rareté dans le paysage cinématographique, où les amitiés masculines sont souvent dépeintes de manière plus stéréotypée.
Un message universel dans un décor singulier
Située dans un cadre rural rarement représenté au cinéma, cette histoire aborde un sujet universel : le poids du regard des autres et les dégâts qu’il peut causer. Le motocross devient ici un prétexte pour creuser des thématiques bien plus profondes, à savoir la peur de la différence, le rejet et la violence homophobe. Le réalisme du film est renforcé par des performances marquantes, notamment celles de Sayyid El Alami et d’Amaury Foucher, qui incarnent Willy et Jojo avec une intensité désarmante. Le choix de jeunes acteurs talentueux permet de capturer toute la fragilité et la force de ces personnages pris dans la tourmente.
Un acteur comique dans un registre inattendu
Artus, habitué du registre comique, surprend dans ce film en incarnant Teddy, un coach de motocross. Sa transition réussie vers un rôle dramatique apporte une profondeur supplémentaire à l’histoire. L’acteur a expliqué vouloir emmener son public dans un registre différent, et il y parvient avec une justesse remarquable.
À voir absolument
Voici quelques raisons pour lesquelles ce film mérite d’être vu :
- Une représentation rare et sincère de l’homophobie en milieu rural.
- Des dialogues et des situations d’un réalisme frappant.
- Une leçon de tolérance, qui pousse à la réflexion sur les valeurs que nous transmettons aux plus jeunes.
- Une mise en scène authentique et des performances d’acteurs bouleversantes.
Un appel à la tolérance
Ce film ne cherche pas seulement à dénoncer les violences homophobes, mais aussi à susciter une prise de conscience collective. Il invite les spectateurs, et en particulier les futurs parents, à réfléchir à l’impact de leurs paroles, de leurs gestes et de leurs silences. Avec ce long-métrage, Antoine Chevrollier signe une œuvre profondément humaine, qui transcende le cadre du cinéma pour devenir un véritable cri du cœur. Une œuvre essentielle, à découvrir pour son sujet, sa sensibilité et son audace.